Louis Vierne (1870-1937) est un compositeur français très connu dans le monde de l’orgue, mais hélas beaucoup plus confidentiel chez les mélomanes en général. Son langage est héritier de celui de Wagner, de Franck et même de Debussy. Son inspiration sans atteindre celle de Wagner ou Debussy est assez comparable à celle de Franck, dont il fut d’ailleurs l’élève (ainsi que de Widor), ce qui fait de lui un compositeur important mais qui n’occupe pas encore la place qu’il mérite. Sa musique est donc plutôt tourmentée, assez riche en chromatismes et parfois il ne dédaigne pas à utiliser la gamme par ton. Il sera également un enseignant important : il aura pour élève Lili Boulanger, Marcel Dupré ou encore Maurice Duruflé.
Charles-Marie Widor avait inventé la « symphonie pour orgue » (il en composa 10), sorte d’immense suite pour orgue d’ampleur orchestrale. C’est la conséquence assez logique des pièces à tendance symphonique de Franck et des possibilités offertes par les orgues Cavaillé-Coll. Vierne s’inscrit donc dans cet héritage en composant six symphonies pour orgue. Il composera également d’autres pièces pour orgue, dont nous parlerons un jour ici même.
La première symphonie, écrite en 1899 est encore très influencée par ses prédécesseurs. Le Prélude, la Pastorale et l’Andante sont très réussis, la Fugue et l’Allegro vivace sensiblement moins. Mais cette symphonie est surtout connue pour son final, tube incontournable des concerts d’orgue. La deuxième symphonie (1903), plus personnelle, me semble sensiblement plus intéressante. Son Choral est un sommet de beauté et de recueillement. Si le Scherzo et le mouvement Cantabile sont bien inspirés, c’est un peu moins le cas des mouvements extrêmes.
Les symphonies de Vierne semblent être un défi pour les preneurs de son, tout particulièrement dans les passages à la registration chargée en mixtures. Et sur ce point le label Audite marque des points, car il est clair qu’ils se sont souciés sensiblement plus que leurs concurrents de cet aspect là. Et même si l’interprétation de Hans-Eberhard Ross n’est pas la plus passionnante de la discographie, au moins n’est elle pas invalidée par la prise de son. Au final, il s’agit d’un disque tout à fait recommandable pour ceux qui voudraient s’initier au monde de la symphonie pour orgue.
Effectivement, Audite fait des choses formidables à l’orgue, d’un réalisme étonnant – la présence physique du son, en particulier des basses !
D’ailleurs ils ont sorti un coffret Franck il y a peu. J’ai pas encore écouté.