Les Méditations sur le Mystère de la Sainte Trinité sont un grand cycle de neuf pièces pour orgue, composées en 1969. Dans cette interprétation d’Olivier Latry (sur l’instrument de Notre-Dame de Paris), le cycle dure environ 1h15. L’oeuvre en elle-même, proche en terme de radicalité et de forme du Livre du Saint Sacrement (1984), me paraît être une des plus belles oeuvres du corpus organistique de Messiaen (qui compte beaucoup de réussites il est vrai). Il ne s’agit plus du Messiaen expérimental à l’extrême du Livre d’orgue (1951), ni du Messiaen encore proche de ses maîtres (même si il est dès sa première oeuvre déjà très personnel), mais du Messiaen dernière manière, à savoir une sorte de synthèse entre ces deux périodes. Sans surprise on retrouve ici toute la magie harmonique de Messiaen. Toute les possibilités de l’instrument semblent être convoquées, que ce soit en terme de dynamique (du piano le plus faible, au forte le plus démentiel), en terme de tessiture (l’extrême grave se superpose volontier avec l’extrême aigu, comme dans la Messe de la Pentecôte) et surtout de timbre. Au final un tableau vraiment fascinant, pour peu que l’on soit sensible à la poétique du monde de Messiaen. Ce n’est pas l’oeuvre la plus jouée et la plus connue du corpus, mais c’est à mon avis à tort.
Je manque de points de comparaison pour cette oeuvre, mais cette interprétation me semble plus que satisfaisante. On ne retrouve pas le côté un peu trop distant et glacé de certains enregistrement de cet organiste. La prise de son semble idéale.
Bonjour !
Tiens, Latry distant glacé, où cela ? Dans Grigny, certainement, mais pas dans le répertoire romantique monumental, ou alors j’ai toujours eu la main heureuse. Ses improvisations me paraissent aussi engagées et chaleureuses.
Tu rapproches les Méditations du Livre du Saint-Sacrement, mais je ne leur trouve pas la même luminosité ni la même poésie.
(Voilà, juste manière de te contredire un peu, parce qu’au fond tu as raison…)
Salut David 🙂
Oui j’avoue que Latry (mais attention ça ne se base que sur cette intégrale, et un peu de Florentz) me donne l’impression d’un truc légèrement froid et bien fait. Mais enfin c’est p être une idée préconçue … ou la prise de son.
Sinon oui, ça me parait dans le même style que le Livre du Saint Sacrement : à savoir des accords très riches en legato contrairement aux cycles centraux beaucoup plus staccato … et qui revient sur l’esthétique type Ascension, mais en sensiblement plus complexe, et en y ajoutant des éléments des deux cycles centraux (Pentecôte / Livre d’orgue). Bref il fait déjà la synthèse des périodes précédentes.
C’est vrai que dans Messiaen, il a quelque chose d’un peu minéral, une lecture davantage du côté vitrail que du côté organique de sa musique.