La musique liturgique de Bach est un univers en soit, tant en terme de volume que d’inspiration. L’Oratorio de Noël, écrit en 1734, en est un des sommets. Il raconte, en 6 cantates, la naissance du Christ selon les Evangiles. Si la musique de Bach traîne plutôt la réputation d’être assez austère (adjectif ô combien caricatural la concernant), c’est ici sans conteste possible l’enthousiasme et la gaîté qui l’emportent. Il s’agit évidemment d’une gaîté nuancée, raffinée et même contrastée. C’est surement ce subtil équilibre auquel Bach parvient qui donne son génie à l’oeuvre.
Cette version dirigée par René Jacobs me semble une excellente version. La beauté sonore, l’esprit de l’oeuvre, les tempi bien sentis, tout y est. Mais ce qui frappe avant tout dans cet enregistrement et qui finalement en fait tout son prix, c’est la luminosité qui s’en dégage. Il n’y a pas grand chose à dire des solistes, qui remplissent correctement leur tâche, si ce n’est qu’on pourra toujours discuter sur le choix d’un contre-ténor pour la partie alto (ici le célèbre Andreas Scholl) qui par nature manque un peu de corps et de fermeté par rapport à une voix féminine. Mais il s’agit plus de chipoter qu’autre chose, vu la beauté de sa voix.