Reinhard Keiser (1674-1739) est un compositeur allemand qui a essentiellement composé des opéras (plus de 70, mais très peu nous sont parvenus). L’oeuvre dont il est question ici est en marge de sa production, puisqu’il s’agit d’une Passion. Elle s’inscrit dans cette longue tradition de la Passion en musique, contant la fin de la vie du Christ (de l’arrestation au Mont des Oliviers à la Résurrection). Si Bach l’a copié par admiration, elle n’en demeure pas moins très différente des deux célèbres Passions du cantor de Leipzig. D’abord l’oeuvre est beaucoup plus courte puisqu’elle ne dure qu’une heure. Ensuite il s’agit d’une oeuvre beaucoup plus intimiste : ici le nombre de choriste est restreint. Comme de tradition, le rôle de l’évangéliste est confié à un ténor, et celui de Jésus à une basse.
Ce qui frappe évidemment de suite c’est l’ambiance unique que dégage ce dépouillement vocal et instrumental. L’oeuvre est agréablement inspirée qu’il s’agisse des récitatifs, des airs ou des choeurs. Il est par conséquence assez difficile à comprendre pourquoi cette oeuvre n’est pas connue et très peu enregistrée. Ainsi vous devrez vous contenter probablement de cette version de Christian Brembeck, car il n’en existe que trois ou quatre toutes peu diffusées et souvent déjà totalement épuisées. Il a plutôt tendance à accentuer le côté intime de l’oeuvre, mais c’est pour notre plus grand bonheur.