Composé juste avant Alcina, mais la même année (1735), Ariodante mérite presque les mêmes superlatifs, se classant sans peine dans les quatre ou cinq meilleurs opéras de Haendel . Si un même degré d’inspiration relit ces deux oeuvres, c’est également le cas du livret inspiré lui aussi de l’Orlando furioso de l’Arioste, formant avec Orlando une trilogie rolandienne.
Si l’oeuvre est connue pour son tube Scherza infida, elle possède bien d’autres atouts. Dans les airs citons « Coperta la frode« , « Con l’ali di constenza« , « Tu preparati a morire« , « Se tanto piace al cor« , « Se l’ingano sortisce« , « Dover, Giustizia, Amor » ou encore « Dopo notte, atra e funesta« . Et il ne faudra pas oublier le duo de l’acte 1 « Se rinasce nel mio cor », les beaux ballets qui clôturent le premier acte, ou la sinfonia qui ouvre le deuxième !
La présente version est devenue un classique de la discographie haendelienne. Minkowski parvient comme à son habitude à donner totalement vie à l’oeuvre, nous tenant en haleine jusqu’au final. Pourtant il n’en cède rien à la précision. C’est cet équilibre si difficile à trouver auquel parvient Marc Minkowski. La deuxième qualité majeure de ce chef, c’est de savoir choisir son équipe de chanteur. La facilité et la beauté du timbre d’Ewa Podles étonnent toujours. Difficile d’imaginer mieux … et pourtant il faut garder des superlatifs en réserve pour Anne-Sophie von Otter. Sa voix et sa personnalité semble se fondre à la perfection avec cette musique. Si Lynne Dawson et Richard Croft sont tout à fait gracieux, le seul petit reproche à faire concerne Denis Sedov en roi d’Ecosse assez oubliable.
C’était pourtant encore mieux sur le vif, avec Della Jones en Ariodante et Marie-José Trullu en Polinesso, deux incarnations incroyablement magnétiques, qui font paraître en comparaison von Otter un peu corsetée et Podleś pas très subtile.
Ca existe en bande radio.
Il n’empêche, ce studio demeure inattaquable, baigné dans une atmosphère nocturne extraordinaire.
Et l’oeuvre est l’une des plus intéressantes de Haendel, je mets ça aux côtés de Rinaldo. D’ailleurs c’est aussi l’une des rares à être dotée d’une véritable cohérence dramatique.