La Khovanchtchina (ici il s’agit de l’orthographe française), comme les autres opéras de Moussorgski, est sujet à débat sur son authenticité en raison des interventions de compositeurs postérieurs sur la partition (ici Rimsky-Korsakov, Ravel, Stravinsky et Chostakovitch). En effet celle-ci n’était pas terminée à la mort du compositeur en 1881, et c’est évidemment avec le concours de Rimsky-Korsakov, ami de Moussorgski, que la création de 1886 pourra avoir lieu. C’est de cette version et de cette version uniquement dont nous parlerons ici.
Un premier constat s’impose : cette œuvre est sensiblement moins connue (et par conséquence jouée) que Boris Godounov, alors que la richesse et l’inspiration de cet opus posthume ne dépareille en rien face à ce dernier. On retrouve les qualités essentielles de Moussorgski : couleurs données par les nombreuses surprises tonales, rythmes, mélodies, et par dessus tout l’impression de voyager au beau milieu de la Russie. Pour illustrer mes propos voici des extraits de la version Khaykin de 1946 (libre de droit donc) :
Prélude :
Acte III, Scène 4 :
Acte IV, Scène 4 :
Comme pour Boris Godounov, Moussorgki tire le drame de l’histoire russe, et plus précisément dans notre cas, de la révolte de Moscou de 1682. Le livret diverge cependant de l’histoire réelle, puisqu’il parle de sucide collectif des partisans de Khovansky et non de répression brutale de la part du tsar.
Melodiya, ancien label officiel de l’URSS est de fait une mine d’or pour le répertoire russe. Si leurs tarifs sont assez dissuasifs, surtout si on pense qu’ils ne fournissent pas les livrets, les enregistrements qu’ils proposent sont il faut bien l’avouer le plus souvent des références. C’est le cas pour cette version de Boris Khaykin enregistrée en 1974 au Bolchoï, du moins pour la version Rimsky. N’étant pas un fin connaisseur du répertoire lyrique russe, je me contenterai – à défaut d’avoir un avis éclairé, de dire que cette distribution m’a paru excellente, à commencer par la Marfa d’Irina Arkhipova
… et surtout, tu as toutes les basses que tu veux – et pas des petits calibres !
Oui. Du coup ce qui est étrange c’est que ni dans Boris ni ici Moussorgski n’utilise véritablement la partie grave de ces voix.
Très juste. Boris ne descend pas plus grave que l’ut 2, je crois. La partition (en tout cas la version originale de 69 et la partition orchestrale de Rimski-Korsakov) indique d’ailleurs un baryton sur la nomenclature. Ca paraît assez logique, parce que même dans la version de 72, les sol bémol lyriques, hein…
Enfin quand même, tu as Pimène qui descend un peu non? Et Dossifey commence sa prière du dernier tableau dans des notes qui restent assez basses il me semble aussi.
Après, c’est sûr que pour Boris, c’est souvent dans le haut de la tessiture que la basse se retrouve en difficulté…
Sinon, pourquoi Khovanshchina est moins connue? Parce qu’elle est encore plus située dans l’histoire russe que Boris… Boris tout le monde connait un peu… Khovanshchina, il faut déjà aller un peu plus loin dans l’histoire pour tout suivre! Et puis même d’un point de vue purement opératique… Boris met en avant un rôle titre : même si Boris n’est pas le personnage qu’on voit le plus, il reste marquant par ses monologues qui ponctuent la partition et par sa force psychologique.
Dans Khovanshchina, difficile de dire qui est le personnage principal entre Marfa, Dossifey, Khovansky, le peuple…
Et puis question intrigue, c’est bigrement plus compliqué aussi…
Et du coup, tu as écouté un peu la version de 46?
Franchement ça ne descend pas, surtout quand on sait les possibilités des basses russes ^^.
Oui ça joue surement. Il y a p etre aussi le fait que c’est un opéra inachevé … mais enfin Boris pour achevé qu’il soit a été bidouillé dans tous les sens aussi, alors …
Disons que je n’arrive pas à l’expliquer par la musique, car elle est aussi bonne que celle de Boris.
46 ? Un tout petit peu 😉
Oui… mais pour Pimène, je dois être déformé par Maxim Mikhailov…
Inachevé en effet, mais a mon avis, ça tient vraiment de l’histoire en elle-même.
D’ailleurs, dans le programme de la reprise de cette année à Bastille, Serban raconte son étonnement de voir l’attachement profond que toute la distribution slave avait pour Khovanshchina, qui était pour eux encore plus importante que Boris!
Et regarde Shaliapine : grand Dossifey, il refusa d’enregistrer une note de l’opéra, trouvant que ce serait une trahison. C’est dire la révérence envers cette oeuvre en Russie!
Aller hop, faut se mettre à 46 maintenant! Reizen et Preobrazhenskaya t’attendent:)
Oui oui tu dois avoir raison. C’est bien dommage.
J’ai l’Oneguine de 55 qui m’attend avant 😉
Les basses russes ne descendent pas forcément plus bas que les autres, c’est plutôt une question de matière. Mais Moussorgski a quand même tendance à les utiliser dans une partie périlleuse de la tessiture, c’est vrai.
Sinon, ça fait plaisir de ne plus être le seul à commenter ici ! \o/
Mais pourquoi est il aussi méchant 🙁 ?
Après, tu as toute le formation des chanteurs orthodoxes… et du coup des basses vraiment profondes… Et elles peuvent avoir quelque chose de rugueux, comme Maxim Mikhailov par exemple (Kontchak dans Le Prince Igor de 51, avec un grave final abyssal, long… brrrrrr ça fait froid dans le dos! mais aussi dans Ivan le Terrible d’Eisenstein…)
Sinon, comment veux-tu que je ne cause pas quand on parle de Khovanshchina??? (mais vu qu’on cause beaucoup Haendel ici… je suis pas sûr de rester longtemps! :D)
Le prince Igor ? Faudra que j’écoute ça 😀
Prochains articles : Vierne, Monteverdi, Messiaen, Haendel, Tchaikovski, Strauss, Rameau
Oui, après, faut voir quelle version… les anciennes sont magnifiques, mais il manque un acte, qui a été introduit depuis Gergiev je crois… avant, il y a un sacré trou…
Bon, on verra la suite des articles! Voir si ça devient fréquentable ici! :DD
Ecoute plutôt Ariodante au lieu de dire des bétises !!!
Un petit retour en ces terres de perdition…
Je viens de ré-écouter la version Khaikin de 74… dans la même édition que toi… et je dois dire que je suis assez déçu au final…
Arkhipova reste impériale bien sûr!
Mais le reste… Rien n’est vraiment mauvais, mais rien non plus n’atteint des sommets… un Dossifey sans grande envergure, un Ivan assez usé, un Andrei qui claironne tout ce qu’il peut…
Et surtout une direction de Khaikin vraiment décevante! Tout est lent, lourd… ça manque de finesse et de tension! L’acte IV en est l’exemple parfait avec une arrivée des condamnés qui normalement doit être hyper violente et là non… Tout est ralenti et sans grand relief…
Quand on a dans la tête ce qu’il faisait en 46… dommage vraiment!
Et puis l’enregistrement ne donne pas vraiment une place plus importante à l’orchestre qu’en 46…
Donc clairement, on est un gros cran en dessous question distribution et direction.
Salut 🙂
Un jour j’écouterai la version 46 😉
L’édition Naxos est très bonne en qualité de restitution… et avec en plus des bonus intéressants!
Et pour le prix, c’est un vrai cadeau!
Ah Naxos a édité ça ? Mais c’est une super nouvelle ça 🙂
http://www.naxos.com/catalogue/item.asp?item_code=8.111124-26
Sorti depuis quelques temps par contre… faut peut-être fouiller un peu pour le trouver!