Le 4 avril 1739, la création d’Israel in Egypt, fut un échec pour Haendel. La raison est claire : c’est une musique trop exigeante pour l’auditeur de l’époque. En effet, il n’est pas question ici d’airs virtuoses solistes puisque l’oeuvre n’est constituée presque que de choeurs assez élaborés. Pour satisfaire le public, Haendel retoucha sa partition plusieurs fois, entaillant de plus en plus les choeurs et rajoutant des airs solistes extraits d’autres de ses oeuvres. Il y a donc pas mal de versions de l’oeuvre. Celle que j’ai écouté ici, est la première version, c’est à dire celle avant que Haendel ne corrige pour coller au goût du public. La première version de cet oratorio comporte 3 parties, et hélas, une des versions les plus distribuée de l’oeuvre, les deux versions de Gardiner ne comportent pas la première partie, ici bien présente. C’est d’autant plus dommage que c’est peut être la plus belle des trois. L’oeuvre est en elle-même un chef d’oeuvre de tout premier plan. Ces choeurs haendeliens se teintent ici de couleurs qui ne sont pas sans rappeler celles des polyphonies de la Renaissance.
Interprétation également superlative : ce choeur de l’Aradia Ensemble parvient au miracle. Précision, transparence et en même temps ils donnent vraiment vie à la partition. Kevin Mallon nous livre donc une version de référence, le tout à un prix Naxos … alors pourquoi se priver ?
Il sera évidemment difficile pour moi de te contredire !
Oeuvre fantastique, peut-être la plus profonde de tout Haendel – car même pas de pyrotechnie et de soli comme dans le Messie ! -, et version merveilleuse, d’une rondeur et d’une présence remarquables.
La seule alternative à ce niveau, c’est Parrott, qui fait peut-être encore plus fort dans la première partie, dans un registre totalement différent – plus dramatique, saisissant dans la déploration collective…
Beh tu vois qu’il t’arrive d’avoir bon goût 😉