Nous connaissons trois motets complets écrits par Rameau : In convertendo, Quam dilecta et Deus noster refugium. Ils s’inscrivent dans la tradition de ceux de Lully et Charpentier. Le premier d’entre eux, nous donne l’occasion d’entendre, dans le superbe solo Converte Domine captivitatem nostram, la clarté et la noblesse de la voix de taille de Nicolas Rivenq. Ce chanteur pose l’éternel problème des classifications vocales, car il s’agit d’un baryton très clair. Très bel ensemble également que le Qui seminant in lacrimis, par l’alliage raffiné des voix solistes. Ce premier motet se conclut sur un magnifique choeur final, où les surprises harmoniques lui donnent un charme spécial.
Le deuxième motet commence par le diaphane Quam dilecta de Sophie Daneman. La haute et légère voix de Paul Agnew nous montre son art dans l’agréable Et enim passer. Ce motet se conclut comme le précédent par un très beau chœur. Le troisième, Deus noster refugium, me semble moins marquant, même si il nous offre enfin la possibilité d’entendre en solo la superbe voix de baryton-basse de Nicolas Cavallier (et hélas cet air est extrêmement court).
De belles œuvres indéniablement, mais il faut bien concéder que ce n’est pas le meilleur de Rameau. A réserver aux ramistes et amateurs de baroque français, ou encore aux amoureux des belles voix.
Dans le domaine des grands motets, il y a effectivement infiniment mieux chez Lalande, Desmarest, Campra ou Mondonville. 🙂