La 10° symphonie de Villa-Lobos comporte 5 mouvements et nécessite 3 chanteurs solistes (ténor, baryton, basse), un choeur et un orchestre relativement large. Cette partition fut écrite en 1954 pour le 400° anniversaire de la ville de Sao Paulo. Elle fut crée en 1957 au Théâtre des Champs Elysées, avec Villa-Lobos à la baguette. C’est la plus longue (et de loin) des 12 symphonies du compositeur brésilien – à noter que la 5° est perdue.
Cantate ? Oratorio ? Symphonie ? Difficile de classer la 10° symphonie de Villa-Lobos. Une huitième de Mahler sud-américaine : c’est peut être le comparatif le plus proche d’une pièce de répertoire connue de tous. Il y a 3 solistes masculins (la 8° de Mahler a 5 solistes femmes en plus), des choeurs omni-présents, un grand orchestre, une durée imposante de presque 80 minutes : voilà pour les points communs. Cependant les similitudes s’arrêtent là : l’ambiance est toute autre. Comme toujours chez Villa-Lobos on se retrouve au milieu de la luxuriante forêt amazonienne.
Un mot du texte : il est rédigé en langue indienne Tupi, en latin et en portugais. Il retrace brièvement l’histoire de Sao Paulo.
Le premier mouvement est le seul mouvement purement instrumental. Comme une véritable introduction il expose les thèmes principaux de la symphonie. Le mouvement suivant, en forme de rondo, voit l’apparition de la voix : les choeurs et le baryton. Avec le Scherzo, mouvement le plus court, on goûte en miniature à toute l’ambiance de cette symphonie. Choeurs et solistes dialoguent, pendant que l’orchestre nous plonge dans la couche haute de la forêt amazonienne, parmi tous les bruissements aviaires. Avec le Lento qui suit, de dimensions mahlériennes (30 minutes), l’ambiance tranche quelque peu : il s’agit d’un choral très extatique. C’est le plus beau mouvement de cette symphonie. Villa-Lobos y montre tout son génie en matière d’inspiration et d’écriture chorale. Le dernier mouvement conclut de façon magistrale cette symphonie, sur un immense « Alleluia ! Sao Paulo ».
La profonde originalité de l’harmonie, des rythmes, des thèmes et de l’orchestration de Villa-Lobos combinée à son inspiration très prégnante dans cette oeuvre en font une oeuvre importante. Il serait donc faux de penser cette oeuvre comme une oeuvre de seconde zone : elle mériterait sans peine, d’être jouée régulièrement sous nos latitudes, pour remplacer certaines oeuvres assurément trop rabâchées.
Inutile de préciser que Carl Saint Clair fait là un admirable travail, d’autant plus méritant qu’il est le premier à enregistrer l’intégrale des symphonies du compositeur brésilien (une intégrale serait en préparation chez BIS). Que CPO en soit une nouvelle fois remercié !
Original, je ne suis pas sûr… on entend beaucoup de choses écrites dans les premières décennies du vingtième – notamment ces « tricots » en arrière-plan qui tirent vers la polytonalité.
C’est un peu comme Martinů : il écrit dans un langage exploré depuis trente à quarante ans, mais il fait de la très belle ouvrage. Je me moque bien des dates, et je trouve effectivement cette Dixième très belle, surtout le premier mouvement.
Si tu aimes ça, essaie impérativement les trois premières de Martinů (commence par la première), et pour du plus étrange et personnel, la Quatrième (on y entend des couleurs qui seront reprises par les minimalistes, comme dans la Messe des Champs).
Si si c’est original car on reconnaît immédiatement sa patte, son langage est bien à lui. Bien sûr il se base sur des techniques éprouvées, mais ce n’est finalement pas l’essentiel.
Merci pour le conseil.