Alain : Intégrale de l’oeuvre pour orgue (J-B. Robin)

81dong0CUoL__SL1432_Jehan Alain (1911-1940) est une des grandes frustrations de l’histoire de l’orgue : comme Nicolas de Grigny il est mort très jeune (en chargeant des troupes allemandes) en montrant des dons pour la composition extrêmement prometteurs. Il ne faut cependant pas se méprendre sur ce dernier terme : les oeuvres de ces deux organistes sont déjà des chefs d’oeuvres aboutis, mais il est légitime de penser qu’ils auraient pu donner encore mieux si le temps leur en avait été accordé. Jehan Alain est né dans une famille d’organistes : son père était organiste, compositeur, sa soeur cadette, morte récemment, deviendra une organiste de renommée internationale (et laissant un nombre conséquent d’enregistrements), rien d’étonnant alors que le jeune Jehan se soit essayé à l’orgue.

Comme tous les organistes de sa génération, Alain a eu pour maître Marcel Dupré. Sa musique s’inscrit dans la continuité de l’école française d’orgue, donc influencée par le chant grégorien. A cette influence se rajoute d’autres influences plus personnelles comme le jazz ou la musique ancienne. Le compositeur utilise massivement le « mode 2 » (dans la terminologie de Messiaen) ce qui le rapproche beaucoup des oeuvres de jeunesse de Messiaen où ce dernier a beaucoup usé de ce mode. Son style est peut être un peu moins lumineux et coloré que son illustre confrère, mais apparaît tout aussi méditatif et extatique. Ce style influencera certains successeurs comme Jean-Louis Florentz. En revanche il ne fut pas du tout influencé par la musique de Schoenberg ou Bartok car leurs musiques n’étaient pas jouées en France avant les années 40.

Dans le corpus organistique de Jehan Alain on peut distinguer deux grande pièces, Suite et Trois Danses et un bataillon de petites pièces (petites seulement par la durée). Ces deux grandes pièces me semblent totalement majeures dans l’oeuvre de Jehan Alain. Voici le premier mouvement de la Suite :

Trois Danses, sommet de l’orgue symphonique, existait en version orchestrée par Alain, mais hélas cette version est égarée. Parmi les autres pièces très réussies on notera entre autres : Deux Danses pour Agni Yavishta, Aria, Petite pièce, Postlude pour l’Office de Complies ou encore Premier prélude profane et le célèbre Jardin suspendu.

Le prise de son de l’intégrale de Jean-Baptiste Robin est exemplaire, autant que son hypnotisante interprétation. Brillant fait là encore un petit miracle en éditant une intégrale d’excellente qualité à tout petit prix.

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